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Le blog du groupe 3
25 septembre 2007

différences et points communs

Alors que la France connaît depuis quelques années un boom des naissances (2ème taux de fécondité européen derrière l’Irlande avec 1,94 enfant par femme en 2005), le Japon est confronté pour sa part à une dénatalité extrême ou chôshôshika 超少子化 (Taux de fécondité global inférieur à 1, 3 enfants par femme) directement responsable du phénomène de décroissement naturel observé l’année dernière avec un an d’avance sur les prévisions.
En effet, selon les dernières statistiques officielles, le nombre de naissances au Japon en 2005 (1.067.000) a été inférieur au nombre de décès (1.070.000) recensés pour un total de 128 millions d’habitants.
A contrario, la France a connu pour la même année un accroissement naturel de
270.000 personnes grâce à une augmentation significative du nombre de ses naissances (807.400) qui se rapproche du niveau historique de l’an 2000 (808.200), et qui lui permet de totaliser 62,9 millions d’habitants au premier janvier 2006, un record.
Kyotoecolier

Facteurs sociologiques

Si l’on compare la situation de la France avec celle du Japon, on constate un certain nombre de facteurs sociologiques communs observés depuis quelques années : augmentation du nombre des femmes sur le marché de l’emploi, explosion du célibat notamment féminin, baisse du nombre des mariages, ou encore recul de l’âge au premier mariage. Les Japonais, comme les Français, se marient de plus en plus tard et ont leur premier enfant de plus en plus tard également.
Or, la différence fondamentale entre les deux pays réside dans le fait que pour le Japon, ces facteurs sociologiques sont directement responsables de la chute du taux de fécondité, alors qu’en France leurs effets sont neutres, à en croire une natalité en pleine forme !
La raison est simple : se marier reste au Japon la condition sine qua non pour faire des enfants et les élever, tradition confucianiste oblige. Même si les mentalités évoluent lentement mais sûrement, les enfants conçus hors mariage et les mères célibataires souffrent encore de discrimination.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que les naissances extra-maritales représentaient 48,3 des naissances (59% dans le cas du premier enfant) en 2005 en France, elles ne concernaient que 1,6 % des naissances au pays du Soleil Levant .
Si traditionnellement le mariage était considéré comme le « hanamichi » (litt. « la voie des fleurs », c’est à dire la voie royale) pour les jeunes femmes, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Au contraire, le mariage est considéré comme un fardeau par un nombre croissant de Japonaises qui évoquent le poids des tâches ménagères et de l’éducation des enfants qui leur incombe selon la répartition traditionnelle des rôles entre les hommes -qui se réservent la sphère du travail- et les femmes à qui revient la gestion du foyer.
La sociologue japonaise Keiko Funabashi remet en cause cette « distribution trop rigide » des rôles hommes - femmes et parle du « coût du renoncement » traditionnellement plus élevé au Japon pour les femmes que pour les hommes. Selon elle, les femmes qui se marient renoncent à des revenus complémentaires, du temps libre, une position sociale, etc. Or actuellement le désir d’accomplissement personnel des femmes japonaises est beaucoup plus fort qu’avant et même si la majorité d’entre elles désirent se marier avec le partenaire de leur choix, elles ne sont cependant plus prêtes à sacrifier leur vie professionnelle. D’autant que leur accès au marché du travail a été fortement encouragé depuis le vote en 1985 de la loi sur l’égalité des chances hommes - femmes face à l’emploi.
Parallèlement à la « connotation négative de la maternité » observée par les femmes dans l’Archipel, on constate une baisse de la procréation des couples mariés ainsi qu’une hausse des couples sans enfant ou avec un seul enfant. Selon les chiffres 2003 du NIPSSR (National Institute Institute of Population and Social Security Research - http://www.ipps.go.jp -), le nombre de couples mariés depuis moins de 5 ans et sans enfant a progressé de 28,2% en 1977 à 40% en 2002. Pour les couples mariés entre 5 et 9 ans, ce chiffre progresse de 4,2% à 10,5% sur la même période.

Facteurs socio-économiques

Autre différence de taille entre le système français et japonais, celle des allocations familiales et de la prise en charge de l’éducation.
Au Japon, traditionnellement l’éducation des enfants relève uniquement de la sphère familiale et la facture est lourde: 30 millions de yens environ (220.000 euros) pour la scolarité d’un enfant. Selon une enquête réalisée par le Nomura Research Institute (NRI) et publiée le 22 février 2005, plus de 70% des Japonais interrogés se plaignent de la charge financière que constitue l’éducation des enfants.
A l’inverse, en France, le dynamisme de la natalité et le fait que les femmes ont en moyenne plus d'enfants que les années précédentes s’explique principalement par les politiques publiques en faveur de la famille et les aides en argent, selon Jean-Michel Charpin, directeur général de l’Insee dans une interview accordée au quotidien Libération (18 janvier 2006).
Contrairement aux écoliers français qui sont scolarisés dès l’âge de 3 ans dans les écoles maternelles, les écoliers nippons ne sont pris en charge qu’à partir de 6 ans. Avant, c’est aux parents de payer pour les faire garder et de trouver les modalités de la garde. Un véritable parcours du combattant compte tenu d’infrastructures insuffisantes ou inadaptées.

Mesures anti-dénatalité

« Plan Angel » (1995-1999), « Nouveau Plan Angel » (2000-2004), depuis une dizaine d’années Tokyo multiplie les « mesures anti-dénatalité » (« shôshikataisaku ») pour pallier cette situation d’urgence et le Premier ministre Junichiro Koizumi a même lancé sa fameuse politique de « zéro enfant en liste d’attente pour la crèche » (en avril 2003, 26.383 bambins étaient inscrits sur les listes d’attente en crèche, un record). L’essentiel des mesures vise à concilier le travail et la vie de famille des femmes, à encourager l’indépendance des jeunes dont la grande majorité continuent de vivre chez leurs parents tout en travaillant (génération « parasite single »), afin qu’ils puissent fonder un foyer plus vite, et à faciliter la garde d’enfants grâce à la mise en place d’horaires plus souples.
Cependant, ces mesures se heurtent à un certain nombre d’obstacles psychologiques et économiques. Au Japon, l’idée qu’un enfant de moins de trois ans doit être élevé à son domicile par sa mère est encore largement répandue et la pression de l’entourage (« seken ») n’est pas négligeable.
Dans son éditorial du 21 avril 2005, un journaliste du quotidien Mainichi Shimbun affirmait : « les mesures d’aide et la politique d’allocations familliales peuvent être efficaces mais il faut changer radicalement le regard de la société sur les enfants et le mariage ».
Par ailleurs si le gouvernement a dépensé 200 milliards de yens en 1999 (1,4 milliard d’euros environ) pour sa politique de lutte contre la dénatalité, un réel fossé subsiste concernant la redistribution des aides sociales. En 2001, les prestations familiales ont représenté 3,7% des dépenses sociales alors que celles à destination des personnes âgées en ont représenté plus de 55%.
Pour Hidetsugu Yagi, professeur d’économie à l’université de Takasaki « le nombre de naissances poursuivra son déclin tant que les jeunes percevront le mariage comme une institution privant l’individu de sa liberté, la maternité comme une charge physique et financière, et la liberté individuelle et la richesse matérielle comme des priorités absolues ».
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